Les autorités de Guinée Équatoriale viennent de désigner l’avocat anticorruption français William Bourdon parmi 16 personnes visées par un mandat d’arrêt, apparemment “en guise de représailles pour le rôle qu’il a joué dans un procès pour blanchiment d’argent contre le fils aîné du président”, ont déclaré aujourd’hui dix organisations qui se consacrent à la lutte contre la corruption. Le mandat d’arrêt accuse les 16 personnes désignées de blanchiment de capitaux et d’aider à financer « le terrorisme et la prolifération du trafic d’armes en Afrique centrale », précise Human Rights Watch, dans un récent communiqué. Maître William Bourdon a fondé l’association Sherpa, vouée à la lutte anticorruption dans un cadre juridique, et qui a été le fer de lance de procès intentés en France contre les proches de plusieurs chefs d’État pour détournement de fonds publics (les “biens mal acquis”). « Ce que nous observons aujourd’hui en Guinée équatoriale n’est pas nouveau, mais s’inscrit dans un comportement récurrent du gouvernement, qui cherche depuis longtemps à faire taire les critiques.Régulièrement, les dirigeants harcèlent, intimident et font arrêter des défenseurs des droits humains, des avocats, des membres de l’opposition politique et tous ceux qui osent élever la voix contre les abus du gouvernement », a déclaré Marta Colomer, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.